



BELLE LUMIERE AUJOURD'HUI !
- « Que fait l’art-thérapeute dans son atelier de thérapeute ? »
- « Il attrape la beauté du monde, pour danser et chanter avec elle. »
- « Et pendant ses vacances ? »
- « Il fait la même chose. »
Tout d’abord il l’envisage comme possiblement tapie partout. Il est en ouverture, en vacance de préjugés, en vacance d’attente, en vacances. Le monde-autre et son monde à lui sont de connivence, ils échangent des clins d’œil et des larmes au coin de l’œil d’un même mouvement. Le plus souvent, c’est la beauté du monde qui l’appelle : « Hé, t’as vu ? T’as entendu ? T’as senti ? »
L’homme-thérapeute cherche ensuite le meilleur angle, la meilleure position, pour tenter de voir de l’invisible, vous savez, ce lieu sans lequel nous serions dans le noir complet. Zoom avant, grand angle, approche, recul, plus loin, plus haut, plus profond. Le dialogue entre le beau et l’homme-art-thérapeute vibre jusqu’à son paroxysme : l’artiste en lui va maintenant tenter de traduire… non, de représenter… non, d’interpréter… non, tout sera « non »…
Alors il ne lui restera qu’à dire « oui » à ce qui est là, à accepter de recevoir. Il aura simplement à se laisser toucher, par la peine inconsolable, par la joie discrète, par la vérité bouleversante, par le silence assourdissant. Ce qu’il donne en retour ? Du même mais pas tout à fait, car il est nécessairement dépaysé et modifié par ce qu’il vient de rencontrer.
Quand la beauté du monde arrive dans son atelier polluée, bafouée, perdue… Comment peut-il parler de « danser et chanter avec elle ? » Des bouteilles de plastique contenant un infâme sirop orange ont parfois été jetées en mer et transmises aux suivants, larguées là parmi les rochers de leur plage. Et ses patients arrivent avec « tout çà ». Ensemble ils vont chercher l’angle de vue original, le plus grand angle ou le zoom subtil, pour qu’une nouvelle histoire se raconte, incluant la magie de cette couleur orange dans leur monde minéral.
L’art-thérapeute sait que nous sommes tous beaux et uniques, ses patients et le monde. Un geste, un texte, une photo… et le monde est nouveau, en croissance : le sien, le leur, le nôtre et tous les mondes.
En 2012, poursuivons donc !
Nicole DERDA