


Tango, tango...
Je souhaite partager avec vous quelques moments forts du congrès européen de thérapie familiale systémique (EFTA) qui a eu lieu à paris du 29 au 31 octobre 2010 au Palais des Congrès à Paris et qui a réuni 1850 personnes du monde entier.
-"le dilemme éthique autour de la famille et de ses désirs", Axel Kahn, à la pointe des sciences de la procréation et de la génétique nous interpelle au plus profond de nous-mêmes sur les limites éthiques de l'audace des technologies de la procréation pour répondre au désir d'enfants (création d'ovocytes à partir de cellules humaines, utérus artificiel permettant à l'homme d'enfanter, etc.).
-Gisèle Halimi (toujours pétillante à plus de 80 ans) décrit "la clause européenne la plus favorisée" : instaurer un statut législatif qui prend le meilleur de la loi de chaque pays pour les femmes. J'apprends que l'Espagne est le seul pays en Europe à avoir élaborer une loi cadre pour l'égalité des droits homme/femme, la Lituanie a légiféré sur le harcèlement sexuel, la Suède sur le congé parental alterné et la France sur ...la retraite.
- Un des meilleurs momentspour moi a été la projection d'un séquence de thérapie familiale (très bien simulée par des acteurs) animée par Bernard Prieur, suivie par les points de vue des théoriciens historiques de la systémique familiale selon le modèle qu'ils ont développé. Ainsi pour
Philippe Caillé: ce que la famille présente comme problème est une solution qui crée de nouveaux désagréments. Pour lui, il s'agit de créer un espace intermédiaire et de la question de la distance juste thérapeute - famille. Pour cela, introduire les objets flottants : choses mouvantes que la famille et le thérapeute meublent en commun.
Guy Ausloos, pédopsychiatre et conteur (nous ne l'avons pas entendu dans cette composante) invite à réfléchir en terme de fonction car les systèmes vivants ont un certain nombre de fonctions dont les plus importantes sont le pilotage, l'information et la décision. Il diagnostique dans la famille présentée un déficit de pilotage et une régulation des distances entre les membres de la famille, cette hypothèse part des propres résonnances du thérapeute. Il a à piloter tout en s'arrangeant pour réguler la distance.
Catherine Ducommun-Nagy(auteure de "les loyautés qui nous libèrent") parle de l'éthique relationnelle : en tant qu'être humain nous faisons des comptes en attente d'équité, de justice, et de réparation. Sa démarche : une lecture du donner et recevoir. Prendre le risque de donner. Rejeter, c'est refuser de recevoir, empêcher la possibilité de donner. Recevoir : donner à l'autre la possibilité de donner. Dans le cas présenté, "rejeter" est la bifurcation de deux mouvements : celui où on refuse de donner et celui où on prend le risque de donner. C'est le cas de la naissance sous X, refus de donner son identité et prendre le risque de donner.
Mony ElKaïm,développe son concept de résonnance : ce que je vis est lié à moi (contre-transfert), ce que je vis a une fonction pour vous : à quoi vous sert ce que je vis ? Je vis ce que le système vit.
Enfin arrive l'italien Maurizzio Andolfi, qui axe ses interventions familiales sur les enfants. Il a présenté un magnifique film sans parole qui montre des interactions très émouvantes par leur justesse et leur vivacité avec des enfants et des adolescents dans des séances de thérapie familiale.
Ce moment avec Andolfi est le "tilt" pour moi de ce congrès. Le thérapeute créateur face aux thérapeutes virtuoses dans l'interprétation de leurs propres modèles.
Un autre moment fort, le seul qui a proposé autre chose que la métaphore, a été créé par l'atelier de notre collègue Marie Meerson avec Shadi Shahnavaz, thérapeute familiale. Elles ont présenté "la mascothérapie familiale", un travail alliant thérapie systémique et travail avec les masques qu'elles ont réalisé avec une famille.
Arrive enfin le tango. Sur scène deux danseurs exceptionnels nous font vivre par leurs corps rythmés, toutes les émotions du couple.
Tango, tango,
Danse et sens
Ouvrent le Système
Yamina NOURI
1er Novembre 2010