


DIFF-ERRANCE
Est-ce un effet des résultats du 1er Tour des élections présidentielles dans l’Yonne ? Où encore un prolongement d’une conférence récente de Fabien Joly intitulée « autisme et approches intégratives » entendue dans le cadre des rencontres proposées à Auxerre par l’association Echopsy et le RSMY (Réseau de Santé Mentale) ?
Je ne sais, mais l’envie me vient de parler ici de notre difficulté à accepter la différence.
A propos de la vie politique, ma question porte sur le sens d’un vote xénophobe massif dans nos contrées rurales, où les personnes à couleur de peau différente sont exception voir n’existent pas! Notons au passage que fort heureusement tel ne fut pas le cas dans notre village, berceau du M.A.T. Je ne prétendrai pas faire une analyse sociologique de la situation, observons simplement que le fantasme d’envahissement par des prédateurs « étrangers » suffit à mobiliser les masses votantes !
En ce qui concerne la douloureuse et difficile question de l’autisme, vous avez probablement entendu parler des attaques et discrédits qu’ont subis récemment des praticiens d’expérience, engagés depuis de longues années auprès d’enfants atteints de tels troubles et auxquels il est reproché d’utiliser dans leurs prises en charge des techniques barbares, à savoir les enveloppements humides ou « packs » !
Que ce soit dans la vie politique ou dans le domaine des soins, il nous est manifestement difficile d’accepter le « et/et » et de sortir d’un système d’affirmation au détriment de l’autre, cette manière de faire signant, me semble t-il, la précarité de nos assises identitaires.
Faut-il voir là un effet de la « violence fondamentale », cet instinct violent, naturel archaïque, défense contre un non-soi menaçant que l’enfant, dans les 1ers moments de sa vie, situe encore de façon confuse dans l’ensemble de l’environnement. Ces éléments font appel à la théorie développée par Jean Bergeret dans son ouvrage intitulé « La violence et la vie » paru en 1994 aux éditions Payot. L’auteur précise que cette violence, présente dès l’origine peut à tout instant se réveiller en chacun d’entre nous…
C’est dans le souci de sortir de ce type d’opposition violente entre écoles de pensées, concepts, méthodes que nous avions fondé le M.A.T. Avec le recul, je dirais aujourd’hui que notre propos fut et est toujours, d’ouvrir un atelier combinatoire au sein duquel chacun, au fil de ses cinq années de formation, est invité à choisir ses outils, à peaufiner et faire évoluer ses pratiques et manière d’être afin d’oser un jour soutenir la transformation de l’autre.
Cette ouverture, cette liberté nous est essentielle, il n’en demeure pas moins qu’il nous faut perpétuellement poursuivre la réflexion sur notre identité, sur un socle commun à partir de pratiques variées. Pour ma part, c’est évidemment le niveau éthique d’où découle toute déontologie, qui ne peut être négocié et doit constituer nos assises partagées. J’ajouterai qu’il me parait essentiel que nous partagions la reconnaissance inaliénable de la spécificité et de la valeur de chaque être humain et de sa trajectoire de vie. C’est ainsi que pour moi, la transmission fait sens.
Joëlle CORNELISSE-SAIGRE