


ET CECI, ET CELA
Questionner l’être, le laisser advenir dans ses propres manières de se manifester, cela implique de se détourner des manières d’être dites impropres ou du « politiquement correct » comme on dit de nos jours, ainsi que de toutes pensées et attitudes psychologiques, sociales ou morales qui ne concernent pas l’être. Cette approche ressortit à de nombreuses sagesses et en particulier à la philosophie existentialiste. Il se trouve que c’est aussi la condition nécessaire au surgissement de l’imagination créatrice propre à l’art transformationnel.
Cependant nous vivons dans un monde incarné qui pose la limite du réel. Pour y vivre bien, il y faut une éthique et un sujet dont ne parle pas du tout la philosophie existentialiste, laquelle a orienté son regard génial sur d’autres aspects.
Nous sommes donc confrontés à une antinomie apparente : la pensée existentialiste sur laquelle se fonde la pédagogie du MAT pourrait paraître opposée aux notions de sujet et d’éthique sur lesquels se fondent à peu près toutes les professions d’accompagnent ou de soin des personnes.
De mon point de vue l’antinomie se résout dans l’invitation que je propose ici, de remplacer « ou ceci, ou cela » par « et ceci, et cela ». Car si la pensée existentialiste ignore à l’évidence d’autres formes de pensée, chacun reste libre d’adhérer à d’autres pensées qui, elles, ne rejettent pas la pensée existentialiste mais la relativisent, considérant qu’il n’y a pas de vérité absolue, ni dans les philosophies ni dans les religions, sinon peut-être celle d'un mystère inaccessible à l’entendement humain qui n’est « ni ceci, ni cela ».
Yves Lefebvre