




LES GRANDES MAREES
Les ailes battent follement, déployées jusqu’à la douleur, l’œil vif fulgure sur les à-pics.
Ils sont des centaines sauvages, farouches,
Fauves blancs avalant goulûment les bouffées de bourrasques,
Ils se laissent porter par Eole qui, gueule béante les projette de toute sa puissance.
Ils frôlent l’écume bouillonnante, ressurgissent dans l’azur infini en hurlement stridents,
Exaltation vitale.
Les rouleaux verts se fracassent contre le blanc minéral hurlant de douleur,
Et offre à chaque coup de boutoir, sa rançon aux vagues titanesques, dans leur danse inexorable.
La bataille de l’eau et la terre, lutte amoureuse, copulation sauvage et sublime.
Sous le ciel implacablement bleu, loin des combats,
Dans le calme de la plane étendue d’herbe grasse, les lourds bovins s’étirent nonchalants,
Sur le plateau mangé par l’horizon, étendue lancinante dans son éternité immuable.
Pourtant la craie pâle lentement avalée par sa gloutonne amante s’efface imperceptiblement,
Mettant à genou les géants de calcaire,
Ecroulant de place en place des pans de verdure et d’argile,
Grignotés par les vents furieux,
Et les années passent sur nos vies éphémères.
Luigi Zucal