


QUAND LE DETACHEMENT NECESSAIRE "ENFANT / PARENT" SE CONJUGUE AVEC CREATION
Je viens de lire trois petits livres qui m'ont beaucoup plu et quand j'aime, je partage. Il s'agit de deux autobiographies et d'une fiction poétique. Je les mets en lien car ils ont un point commun, un quelque chose qui a à voir avec le processus créatif, le mouvement transformationnel.
Dans l'un, depuis des générations une famille survit grâce à des histoires qu'on arrange, qu'on déforme ou que l'on omet de raconter. De cette manie, au fil des générations qui se succèdent un écrivain naît.
Pour l'une, broder des fils de couleurs la ramène aux mots qu'elles refusait d'entendre à l'école et ne pouvait les retenir. « Les leçons de Mademoiselle Solange sont de drôles de pays restés dans sa tête… Les mots ont beau avoir été piétinés sur le chemin, ils sont là... Maintenant ils reviennent, furtivement appelés par le fil de l'aiguille ».
Pour le troisième, c'est la peinture qui est source d'équilibre face à une maniaco-dépression et une histoire familiale lourde.
Les trois racontent une relation forte entre un parent et son enfant dans le pire comme dans le meilleur. Et quel qu'il soit, on peut parier que la nature de ce lien participe à ce mouvement créatif.
J'ai adoré ces trois livres. Ils sont petits mais forts, plein d'humanité et d'espoir.
Didier Van Cauwelaert cherche à faire le deuil de son père dans ce livre. Il se souvient et raconte un père fantasque qui se bat dans la vie en arrangeant bien souvent la réalité avec la fiction. Ce lien d'amour les unis aussi par l'humour et la tendresse. « Le père adopté »
Jeanne Benameur nous livre un récit poétique d'une finesse infinie, d'une beauté à couper le souffle. Elle raconte quand les mots manquent, quand l'ignorance côtoie la peur de l'autre monde et comment, le nom une fois entendu, accompagne une petite fille sur les chemins de la connaissance. « Les demeurées »
Gérard Garouste parle du lien douloureux avec un père difficile, des rencontres qui l'ont aidé à se construire, de la peinture et de l'étude de textes mythologiques et religieux qui animent ses réflexions sur l'être et la connaissance. Mais aussi, tout au long de son récit, il raconte la maniaco-dépression dont il souffre, en donnant à celle-ci, un éclairage riche et précieux. « L'intranquille »
Catherine MEHEUST